Dès les premières lueurs de l'aube, le Réveil
fit entendre ses premières notes de
musique.Celle-ci, commence douce et légère puis se
termine en crescendo fortissimo, comme si la
partition, après un réveil en douceur, décidait de
secouer les endormis.
On crut entendre le tonnerre au loin, mais il
s'agissait seulement du Corps des Tambours qui à 5
heures également se mettaient en route, réveillant
les derniers qui dormaient encore et les conviant à
faire la fête.
9 heures, les officiers sont prêts à partir, le
cortège s'ébranle pour s'arrêter face à l'Hôtel
de Ville.
Première Brabançonne
de la journée, première décharge des mousquets,
les honneurs sont rendus au Général-Président
Didier Kinet et aux drapeaux qui intègrent les
rangs.
En route au travers de toute la cité jusqu'à la rue
de Mons, où les aides de camp entourent l'empereur
Alain Woolf revêtu de son superbe uniforme de
général d'infanterie du 19e siècle et de son
collier d'argent et vermeil portant saint Martin et
papegai.
Seconde Brabançonne et une fois encore, les
Mousquetaires font parler la poudre noire dans une
salve d'honneur.
Rentrée à la salle où chacun se salue avant de
repartir à 10 heures.
La montée vers Lorette est pénible, il fait chaud,
la cadence au pas est arrêtée pour laisser à
chacun le temps d'arriver à son aise au cimetière
en face duquel les rangs sont impeccablement
reformés.
La Compagnie entre lentement, solennellement, prend
place devant la pelouse d'honneur et écoute en
silence le très beau discours du Général Kinet.
Celui-ci rappelle pourquoi les Francs Arquebusiers
viennent chaque année en cet endroit honorer
leurs défunts.
Cérémonie substituée à la grand-messe à la
Collégiale qui ne leur était plus accessible en
1910, mais à laquelle, sans rancune et pour
marquer leur présence et leur attachement à leurs
coutumes, les Francs ont offert dernièrement un bas
relief en pierre taillée représentant leur patron
saint Martin.
Une salve d'honneur salue tous les disparus
et l'État-major se rend sur la tombe du dernier
défunt.
Chaque famille fait le tour du cimetière,
fleurissant les tombes des parents, saluant les amis
disparus.
En effet, si les statuts de 1579 demandaient aux
Harquebusiers d'honorer leurs morts le jour de
leur disparition, les Francs Arquebusiers vont bien
plus loin en leur rendant hommage chaque année à
chaque fois que la Gilde monte à Lorette.
On est très loin de cette "obligation
morale" de la Toussaint où l'on va nettoyer les
tombes et les fleurir.
Ici, c'est une atmosphère mêlée à la fois de
solennité, d'honneur, de larmes d'émotion mais
aussi de sourires, de convivialité, de souvenirs, et
cette cérémonie frappe les esprits de ceux qui y
assistent pour la première fois.
Retour à la salle, non sans saluer au passage la
Compagnie Royale des Anciens
Arbalétriers
Prestation de serment des nouveaux membres et remises
des décorations, en saluant spécialement MM
Poelmans et Verjans pour leur 50 ans de présence
dans la gilde.
Une dame était aussi à l'honneur, puisque seuls les
Francs décorent les dames.
Elles sont en effet un maillon indispensable de cette
chaîne de solidarité qui uni tous les membres de
notre compagnie. Loin d'être seulement jolies au
bras de leur compagnon pendant le gast, elles
sont indispensables à la vie de la Compagnie,
par leur présence, leur soutien et leur
travail.
Le début d'après-midi nous vit au tir.
L'un étant gaucher et l'autre droitier, il fut
amusant de voir deux amis; l'Empereur et le
Président, dos à dos pour tirer la plus belle
balle.
Malgré la ténacité de Pol Van Hesbroeck,
certainement le meilleur tireur que la Compagnie ait
eut dans ses rangs ces 25 dernières années, c'est
notre Empereur Alain Woolf qui emporta le collier de
Roy.
Il a ainsi rejoint le cercle fermé des
vrais Roys; ceux qui au moment où ils posent
leur carabine après avoir tiré, sentent l'émotion
les envahir comme une bouffée de chaleur, regardent
la cible frappée au centre, espèrent secrètement
que personne ne réussira à mieux centrer une balle
puis qui, en vainqueur, descendant la grand-rue le
bouquet à la main et au son de Sambre et Meuse,
sentent un long frisson les parcourir.
Il mena le gast et le cramigon au bras de son
épouse, et le sourire aux lèvres.
Comme toute la journée, après une dernière Brabançonne , la
soirée se termina dans la joie et la bonne humeur.