Home Retour 20e siècle 2e partie dernière mise à jour:26/01/09
Revue hebdomadaire de la presse française, No. 142, 28 juin 1918
La Belgique Héroïque et Vaillante, la Défense de Visé
Récits de Combattants Recueillis par le Baron C. Buffin
Traduction anglaise par Michèle Labye, petite-fille du Major Collyns
les soldats allemands à Visé

Insigne de béret du 12e de Ligne
La Défense de Visé d'après le récit

du major adjoint d'état-major Charles Collyns

du 12e régiment de Ligne

qui commandait le 2e bataillon

Vous entendez la Marche du 12e de Ligne

Afin que le lecteur puisse raccorder les épisodes dont le récit va suivre, il est utile de rappeler dans leurs grandes lignes les préliminaires de la guerre.

Le 2 août 1914, à 19 heures, l'Allemagne signifia un ultimatum à la Belgique, auquel le Gouvernement répondit, le lendemain à 7 heures " qu'il repousserait par tous les moyens en son pouvoir toute atteinte portée au droit de la Belgique ".
Dès le matin du 4 août, l'extrême droite allemande, composée de 12 régiments de cavalerie et de bataillons de chasseurs transportés en automobiles, franchit la frontière et chercha à s'emparer du pont de Visé.
Elle ne réussit pas, étendit son mouvement vers le nord, passa la Meuse au gué de Lixhe et tenta alors de briser la résistance de la place de Liège: dans la journée du 5 août, des troupes des IIIe , IVe et VIIIe corps donnèrent l'assaut à la partie du front de défense comprise entre la Meuse et la Vesdre.
Devant les forts de Barchon, d'Evegnée et de Fléron, les assaillants furent refoulés avec des pertes sanglantes.
Entre le fort de Barchon et la Meuse, le VIIe corps força les lignes, il fut contre-attaqué à la baïonnette par la 11e brigade et rejeté vers la frontière hollandaise dans le désordre le plus complet.

Les assauts furent repris dans la nuit du 5 au 6 août.
De nouvelles troupes appartenant au VIIIe , IXe , Xe et XIe corps y participèrent et l'attaque s'étendit sur tout l'espace compris entre le fort de Liers et la Meuse, en aval de Liège, soit sur un front de 35 kilomètres environ.

Les troupes belges firent face au danger partout à la fois et, après une défense héroïque, la 3e division, épuisée, se retira; les forts continuèrent à résister; le dernier tomba le 17 août...

Dans la nuit du 1er au 2 août 1914, le lieutenant-général Léman, gouverneur militaire de la position fortifiée de Liège, me confie la défense des ponts de Visé et d'Argenteau.
C'est une mission importante.
Des forces allemandes sont massées à la frontière et se préparent à violer notre neutralité.

Je cours à la caserne, rassemble mon bataillon, fort d'environ 400 hommes, et pars pour Visé où j'arrive à 7 heures du matin.
La journée est employée à l'organisation de la défense: une compagnie occupe chacun des ponts de Visé et d'Argenteau, distants de 3 kilomètres; un peloton de 30 hommes garde le gué de Lixhe, à 10 kilomètres au nord; des avant-postes sont disposés sur la rive droite avec instructions de détacher des patrouilles et des reconnaissances vers la frontière; enfin le restant du bataillon est laissé en réserve à Haccourt.
Les soldats sont pleins d'entrain et de confiance; la plupart considèrent la guerre comme une partie de plaisir, une distraction à la vie monotone de garnison, et cette bonne humeur est augmentée par l'accueil cordial de la population.

Dans la soirée survient, avec une soixantaine d'hommes, le capitaine Chaudoir, commandant les chasseurs à cheval de la Garde Civique de Liège.
Ce sont de braves garçons, remplis de courage et de bonne volonté, mais dont l'équipement est fort défectueux: ils manquent même de carabines!
J'accepte néanmoins leurs services et leur donne la surveillance des vallées de la Meuse et du Geer.

Des habitants de Visé m'offrent également leur concours.
" Je suis bon fusil, me dit un avocat, je veux contribuer à la lutte. Mettez-moi dans la ligne de feu ".
- " Non, pas de civils ", répliquai-je catégoriquement. Et je les renvoyai.

Le lendemain, 3 août, arrive M. Delattre, ingénieur spécialiste en explosifs, chargé par l'état-major de l'obstruction de la rive droite et de la destruction des ponts.
Sous sa direction, des équipes de travailleurs abattent des arbres en travers des routes, placent des mines dans les piles et dans les tabliers, disposent des saucissons le long des garde-fous, bref, mettent tout en œuvre pour la rupture des ponts au moment opportun.

Cette responsabilité, qui m'incombe, n'est pas un de mes moindres soucis.
Il est fort difficile de se rendre compte de la situation.
Des nouvelles extraordinaires circulent et trouvent créance, quelle que soit leur invraisemblance.
L'état-major de la 3e division d'armée m'annonce même par téléphone que des troupes allemandes ont traversé les Pays-Bas et s'avancent par le Limbourg.
Grâce aux communications téléphoniques que j'ai établies avec les postes de gendarmerie et avec le lieutenant de Menten, en observation avec un peloton du 2e lanciers, près de la frontière hollandaise, j'obtiens des renseignements précis sur les mouvements de l'ennemi et je peux à diverses reprises informer le commandant de la division de l'inexactitude de racontars, inventés par les espions boches et colportés par les froussards.

Vers le soir, le général Léman me prévient que deux divisions de cavalerie ennemie ont envahi notre territoire et m'ordonne de faire sauter les ponts de Visé et d'Argenteau.
Je transmets l'ordre à Delattre; pendant qu'il prend ses dernières dispositions, je retire mes avant-postes de la rive droite et, de crainte d'accidents, procède à l'évacuation des maisons voisines.
Enfin, tout est prêt. Delattre me rejoint. " Soyez tranquille, me dit-il; par excès de prudence, nous avons mis une double charge, quoique... "
Une explosion lui coupe la parole.
Nous courons, pleins de confiance.
Quelle désillusion!
Des blocs entiers de macarite n'ont pas détoné: A Visé, le pont est ébranlé, mais il reste praticable, même aux voitures.
A Argenteau, m'annonce-t-on, le résultat n'est pas plus heureux. " C'est pas de la belle ouvrage ", me déclare un sergent, qui paraît aussi mortifié que moi.

Quelques civils ricanent; je les enguirlande et cela me calme les nerfs.

De nouveau le téléphone marche; nous demandons à l'état-major de Liège de nous expédier en toute hâte d'autres explosifs.
L'attente est interminable. L'ennemi va-t-il nous surprendre ?
Enfin, voici des autos. Vite nous plaçons les poudres et, à 18 heures, toutes les mesures sont prises.
Cette fois, l'explosion est formidable.
Des blocs de pierre de 1 mètre cube sont projetés à 200 mètres et la partie centrale du pont, sur une longueur de 50 mètres, s'effondre dans la Meuse.
Le pont de Visé détruit par le Génie en 1914

Un fâcheux contretemps surgit: l'ébranlement produit par l'explosion brise les lignes télégraphiques et téléphoniques et interrompt nos communications.
Que faire? Maintenant que les ponts sont rompus, ma mission n'est-elle pas terminée?
Dois-je rejoindre la position fortifiée ou défendre le passage du fleuve?
Aucun des courriers que j'envoie au général Léman ne reparaît.
Tant pis, ma décision est prise: j'y suis, j'y reste.
Dès l'aube du 4, je m'efforce de compléter la défense en utilisant les maisons qui donnent sur les ponts et qui permettent de battre la rive adverse.
Mais mon service d'informations laisse beaucoup à désirer. De temps à autre, des soldats passent le fleuve sur deux petites nacelles découvertes par hasard et s'en vont aux nouvelles.
J'apprends ainsi qu'à Berneau se trouve un corps important de cavalerie ennemie, suivi à courte distance d'une nombreuse infanterie.

Tout à coup, nous entendons un ronflement, et un taube apparaît dans les airs.
Pendant quelques minutes, le sinistre oiseau plane au-dessus de nous, lançant des proclamations du général von Emmich; puis il regagne les lignes ennemies, porteur de renseignements fort inexacts, car il ne peut apercevoir mes troupes dissimulées derrière les maisons, et il est même probable, étant donné sa hauteur, qu'il ne remarque pas la rupture du pont dont la partie centrale gît en contrebas dans la Meuse.

Averti par ce vol, je modifie mes dispositions et rassemble toutes mes forces à Visé, à l'exception d'une compagnie laissée à Argenteau.
Bien m'en prend.
A une heure, des hussards de la mort débouchent sur la rive et, sans hésitation, se dirigent vers le pont.
Mes soldats, anxieux, le cœur battant, le doigt sur la gâchette du fusil, les suivent de l'œil. " Attendez, dis-je, attendez, laissez-les approcher. "
Quand je les vis engagés dans la première partie du pont, - " Feu! " hurlai-je.

- Pan! Pan! Pan! La fusillade crépite.
Effrayés, les chevaux se cabrent, ruent, se débattent; des cavaliers roulent dans le fleuve; d'autres, faisant demi-tour, se jettent dans les rangs qui suivent, les bousculent et, dans une course éperdue, s'échappent à travers les champs de trèfle et d'avoine.
Quelle débandade! A cet instant, un feu intense part des maisons de la rive droite, avoisinant le pont.
Ce sont les Allemands qui, à notre insu, ont occupé ces bâtiments et protègent la retraite de leur cavalerie. Alors, d'une rive à l'autre, la fusillade se poursuit, intermittente sans causer grand dommage.

Pendant une accalmie, je crie à mes braves: " Permission d'en griller une."soldat du 12e de Ligne
Et il faut voir avec quelle joie ils savourent leur cigarette; chez aucun, le baptême du feu n'a produit la moindre émotion, tous les visages sont souriants; on plaisante, on blague, et au premier coup de feu de l'ennemi, gaiement, on recommence le combat.

Allongés à l'abri d'un mur, la vareuse déboutonnée, les hommes de mon peloton de réserve reprennent des forces en dévorant à belles dents des tartines beurrées.
L'idée me vient de tenter une expérience.
" Eh bien, demandai-je, êtes vous fiers de participer au feu? Comme vous voyez, ça va bien, les Boches sont arrêtés. Seulement ce n'est pas fini et, tout à l'heure, j'aurai besoin de trois gars déterminés, de trois braves, des vrais, n'ayant peur de rien; qui s'offre? "
Avant la fin de ma phrase, tout le peloton est debout et crie:? " Moi, mon major."

Voilà que l'artillerie allemande entre en ligne.
Deux ou trois batteries, en position du côté de Fouron, au nord-est de Visé, ouvrent le feu.
Malgré leur courage, il me paraît nécessaire de réconforter mes hommes qui au nombre de 400, sans artillerie ni mitrailleuse, luttent contre un ennemi infiniment supérieur.
Je parcours les différents abris et, affectant une bruyante gaîté: " Eh bien, ricanai-je on va rire.
Jamais les Boches n'ont réussi à diriger un coup de canon et cette fois encore leurs projectiles tomberont partout excepté dans les maisons que nous occupons. "

Cette plaisanterie réussit étonnamment et mes hommes saluent par des éclats de rire les shrapnels allemands qui éclatent d'ailleurs à des hauteurs démesurées.
Ma joie est extrême; car si l'artillerie avait tiré en plein sur les maisons, la position aurait été intenable et nous aurions été immédiatement contraints à la retraite.
Ah! si nous avions eu quelques pièces, que d'ennemis nous aurions culbutés!

Au cours du combat, des cavaliers de la garde civique, sans doute mal renseignés, me signalent qu'une grosse colonne d'infanterie a franchi la Meuse au nord de Visé et que déjà une batterie dirige son tir contre nous. Cette nouvelle a d'autant plus de vraisemblance, qu'un grondement de canon semble provenir d'une hauteur de la rive gauche.
Isolé, sans instructions, ma situation devient inquiétante.
Afin d'assurer ma retraite, je prescris à la 2e compagnie d'entraver par son feu tout mouvement de l'ennemi vers le sud, et à la 1re compagnie de se porter vers Hallembaye et de soutenir le poste placé à Lixhe, tout en observant le terrain vers le nord.
Bientôt la 2e compagnie subit un feu de mousqueterie et de mitrailleuse si violent que son commandant, le capitaine François, est obligé d'évacuer certaines maisons longeant la Meuse, dont les murs sont percés par les balles.
D'autre part, le capitaine De Burghraeve, commandant la 1ère compagnie, m'avertit que l'artillerie allemande envoie une vraie trombe d'obus de tous calibres sur les troupes qui défendent le gué de Lixhe, que ses hommes, couchés sous les rafales, sont incapables de répondre au tir ennemi et encore plus incapables d'observer le pays; que les Allemands peuvent par conséquent traverser la Meuse sans qu'il s'en aperçoive et sans qu'il soit à même de me prévenir.
- " Tenez bon, répondis- je, tout va bien. "
Et de mon côté, je continue à encourager mes braves qui, à Visé, résistent énergiquement.

Cependant, vers 16 heures et demie, le développement de plus en plus grand du front ennemi, joint à la faiblesse de mes forces, dont une partie est immobilisée par le feu de l'artillerie adverse, me détermine à évacuer ma position, en me couvrant, aux divers points occupés, par des arrière-gardes. Cette retraite se fait dans un ordre parfait et sans que l'ennemi s'en aperçoive. La 1re compagnie, malgré sa situation dangereuse, parvient également à se retirer groupe par groupe. Seul le poste de Lixhe nous cause de vives inquiétudes.

Vautrés dans les champs de betteraves, nos camarades attendent une accalmie de l'ouragan d'acier pour se lever et se précipiter en avant; puis, après 50 mètres, ils se jettent de nouveau à terre.
L'artillerie allemande multiplie ses coups, le sol tremble, des nuages de poussière volent de toutes parts. Avec une émotion intense, je suis des yeux cette course angoissante.
Enfin, grâce à Dieu, les voici: les soldats ont leurs capotes, leurs shakos, leurs sacs criblés de balles: deux hommes ont vu les bicyclettes qu'ils tenaient à la main fracassées par des obus.
Par une chance inouïe, personne n'est blessé.
Nos pertes totales sont d'ailleurs minimes et s'élèvent, c'est incroyable à dire, à deux tués et à une dizaine de blessés.
Par contre, des habitants de Visé nous confirment que l'ennemi a beaucoup souffert et que de nombreux chariots emportent ses blessés.

 

The Defense of Vise
After the story of the Major sm ?(adjoint to the State-Major)
Charles Collyns
Of the 12e regiment on line
Commanding the 2nd battalion
Traduction de Michèle Labye, petite-fille du Major Collyns

Introduction:

In order for the reader to be able to situate the events that are going to be told, it is useful to recall the local war events in their great lines.

On August 2nd 1914, at 19 hours, Germany sent Belgium an ultimatum, to which the Government responded, at 7 hours of the next day that: it will push back by all means in its power, any attempt to violate the rights of Belgium.

In the early morning of August 4th, the German extreme right, composed of twelve regiments of cavalry and of battalions of fighters transported in auto, crossed the border and tried to occupy the bridge of Visé.

It didn’t succeed, but the enemy extended its movement towards the North, crossed the Meuse(Maas) at the gué (wade) of Lixhe, and then tried to break the resistance of the Place de Liège. During the day of August 5th, some troops of the German IIIrd, IVth, and VIIIth corps assaulted the section of the defense front situated between the Meuse and its tributary the Vesdre

In front of the Forts of Barchon, Evegnée and Fléron, the assailants were pushed back with bloody losses.

Between the forts of Barchon and the river Meuse, the German VIIth corps forced the lines and was counter attacked at bayonets point by the 11th brigade and rejected towards the Dutch border in the most complete disorder.

The assaults started again in the night from the 5th to the 6th August.

New troops pertaining to the VIIIth, IXth, Xth and XI corps participated in the action and the attack was spread over the all space between the Fort of Liers and the Meuse, downstream from Liege, this is to say on a front of about 35 kilometers

The Belgian troops faced the danger everywhere at the same time, and after a heroic defense, the 3rd division, extenuated, retreated; the forts went on resisting; the last one fell on Aug 17.

***

Article

During the night from the 1st to the 2nd August 1914, the lieutenant-general Leman, military governor of the fortified position of Liege, entrusts me with the defense of the bridges of Visé and Argenteau.

It is an important mission.

German forces are piled up at the border and prepare themselves to violate our neutrality

I rush to the Caserne, gather my battalion, strong of 400 men, and leave for Visé where I arrive at 7:00 AM.

The day is employed in organizing the defense; A company occupies each of the bridges of Visé and Argenteau, 3 kilometers distant of one another; a 30-men platoon guards the Gué de Lixhe, which is 10 km more to the North; the front lines are disposed on the right bank, instructed to detach patrols and reconnoiter towards the border; finally, the rest of the battalion is left as reserve in Haccourt.

The soldiers are full of spirit and confidence; the majority of them consider the war as a fun party, a distraction from the monotonous garrison life and their good humor is boosted up by the cordial welcome of the population.

The Captain Chaudoir, commander of the cavalry fighters of the Civic Guard of Liege, appears towards evening with about sixty men.

They are brave lads full of courage and good will, but their equipment is very deficient; they do not even have carbines!

That didn’t keep me from accepting their services and giving them the surveillance of the Maas and Geer valleys.

Some inhabitants of Visé offered me their concourse too.

“ I am a good shot, a lawyer told me, I want to contribute to the fight. Put me in the line of fire”

No! No civilians!” answered I categorically. And I sent them back.

On the next day, August 3rd, came M. Delattre, engineer, specialist in explosives, charged by the state-major of the obstruction of the right bank and of the destruction of the bridges.

Under his direction, teams of workers fall trees across the roads, place mines under the piles and in the roadways, disposed sausage along the railings, briefly, did everything to render the rupture of the bridges possible at the right time.

This responsibility that is mine, is not the least of my worries.

It is very difficult to really know what is going on.

Extraordinary tales circulates and are believed no matter how little truth worthy.

The head Quarter of the army 3rd division even tells me over the phone that some German troops have crossed Nederland and are advancing through the Limburg.

Thanks to the phone connections I established with the headquarter of the State Police and with the lieutenant Merten that was placed in observation with a 2nd lancer platoon near the Dutch border, I obtain precise information on the movements of the enemy and could in different occasions, inform the commandant of the division of the inexactness of the tales invented by the German spies and spread by the cowards.

Towards evening, the General Leman advises me that two enemy cavalry divisions invaded our territory and orders me to explode the bridges of Visé and Argenteau.

I transmit the order to Delattre; while he is taking his last dispositions, I withdraw my front lines from the right bank and fearing some accidents, I proceed to the evacuation of the neighboring houses.

Finally, everything is ready. Delattre joins me. “ Do not worry”, he tells me, “by excess of prudence, we set a double charge, although…”

An explosion cuts his word in two.

We run, full of confidence.

What a disillusion!

Entire blocs of macarite have not detonated. In Visé, the bridge has been shaken up, but stays practicable, even to the cars.

In Argenteau, they tell me, that the result is not much better. C’est pas de la belle ouvrage” declares me a sergeant (NFT: sergeant whose mother tong is Dutch, and making mistakes), who looks as mortified as I do.

A few civilians were laughing at us. I screamed at them and that calmed my nerves.

Again, the phone rings; we ask the State-Major of Liege to send us more explosives in a great hurry.

The waiting seems without end. Will the enemy be there before…?

Finally, here come their cars. We hurry to place the powders and, at 18 hours, all preparations are ready.

This time, the explosion is tremendous.

Stones blocks of 1 cubic meter are projected 200 meters away and 50 meters of the central part of the bridge fall into the river.

But that created a disastrous situation: the shaking produced by the deflagration broke the telegraphic and telephonic lines and interrupted our communications.

What is to be done? Now that the bridges are broken, is my mission terminated? Must I rejoin the fortified position or muss I impede the crossing of the river?

None of the couriers that I sent to the general Leman returned.

Too bad, my decision is taken. I am here and I stay.

At daylight of August 4th, I work at completing the defense in utilizing the houses that face the bridges and permit to hit the opposite side of the river

But my information service is far from good. From time to time, some soldiers cross the river on small embarkations they find by chance, and go gather news.

This is how, I learn that in Berneau, there is an important enemy cavalry corps, followed at a short distance by a numerous infantry.

All of the sudden, we hear a hum and a taube appears in the air.

During a few minutes, the sinister bird planes overhead, diffusing proclamations of the general von Emmich; then it regains the enemy lines, bearing very inexact information, since he cannot see my troops which are dissimulated behind the houses, and it is even probable, given its flying height that it didn’t notice that the bridge is ruptured and that its central part is hanging down in the Maas.

Because of that taube I modified my dispositions and reassemble all my forces in Visé, to the exception of a company left in Argenteau.

Good that I did that.

At 13 hours, dead hussars irrupt on the riverbank and without hesitation, direct themselves towards the bridge

My soldiers, anxious, their hearts beating, the finger on the trigger of their rifle, follow them with the eyes.

“Wait” I say “ Let them approach”

When I see them engaged in the first part of the bridge, “Fire” I scream

Bang! Bang! The fusillade crackles.

Frighten, the horses rear, buck, struggle; some cavaliers roll down into the river, others turned around, ran into the following row, making the horses fall, and in a crazy running, they escape through the clover and oats fields..

What a disbanding! At this instance, an intense fire comes out of the houses close to the bridge, on the right bank.

Those are the Germans who, unknowing from us, occupied some houses to protect the withdrawal of their cavalry. Then, from one side to the other, the fusillade goes on, intermittently and without causing great damage.

During a moment of calm, I shout to my braves:” Permission to smoke one”. One should see with what joy they savor their cigarette; in none of them, the fire baptism produced the minimal emotion; all faces are smiling, one jokes, one laughs about it, and at the first fire opening from the enemy, one goes back into combat.

Lying down behind a wall, the sweater unbuttoned, the men of my reserve platoon recuperate their forces in devouring with full teeth buttered sandwiches.

The idea occurs to me to do an experiment.

“Well” ask I” Are you proud to participate to the fire? As you see, it is going well, the German have been stopped. Only, it is not finished, and soon, I will need three determined lads, three braves, true braves who fear nothing; who is volunteering?”

My sentence as soon terminated, the whole platoon is on its feet and shout: “Me, my major.”

Here the German artillery enters in line.

Two or three German batteries, in position by he Fouron, at the northeast of Visé, open the fire.

Despite their courage, I find it necessary to comfort my men who in the number of 400, without artillery nor machine guns, are fighting against a infinitely superior enemy.

I go through the different shelters affecting a loud gaiety: ‘Well’, snicker I, We are going to laugh! Never, the Germans were capable of aiming a shot of canon and this time, again, their projectiles will fall everywhere but in the houses that we are occupying”

This joke succeeds astonishingly and my men greet with laughters the German shrapnels that are exploding at exaggerated heights, to tell the truth.

My joy is extreme; knowing that if the German artillery had shot right at the houses, the position would have been unbearable and we would have been forced to retreat immediately.

Ah! If we only had a few artillery pieces, how many enemies we would have destroyed!

During the battle, some cavaliers of the civil guard, probably ill informed, tell me that a large column of foot soldiers crossed the Maas to the North of Visé and that already a battery is directing its fire towards us. This news seems true because a growling of canon seems to originate in the height on the left of the river.

Isolated, without being able to receive instructions, my situation becomes alarming.

In order to assure my retreat, I order to the 2nd company to prevent by their fire, any enemy movement towards the south, and to the 1st company to move to Hallembaye and to help the post of Lixhe in observing the ground towards the north.

Soon, the 2nd company suffered a musketeer and machine gun fire, so violent that his commandant, the captain François is obliged to evacuate some houses along the Maas, the walls of which are pierced by bullets

From another side, the captain De Burghraeve, commandant of the 1st company, tells me that the German artillery is sending a true burst of shells of all calibers on the troops who defends the wade crossing of Lixhe; that his men, lying down under the gust of gunfire, are incapable to answer the enemy fire and more incapable yet to observe anything; that consequently, the Germans can cross the Maas without them noticing it and being able to tell me about it.

“Hold on, I answered, everything goes well”

And on my side, I go on encouraging my braves who are resisting with energy, here in Visé.

However, at about 16:30, the enlargement of the enemy front and the weakness of my forces, of which a part is immobilized by the fire of the adverse artillery, obliged me to order the evacuation of my position, in placing backings to cover the different posts. This retreat takes place in a perfect order and without the awareness of the enemy. The 1st company, despite its dangerous position, manages to retire one group at a time. Only the post of Lixhe causes us vivid worries.

Lying down in the beet fields, our comrades are waiting for a moment of calming down of the steel typhoon, to get up, advance 50 meters and throw themselves down again.

The German artillery multiplies its blows, the ground trembles, clouds of dust fly from all parts. With an intense emotion, I follow with the eyes this anxious running. Finally, thanks god, here they are: the soldiers have their coats, their shakos, their bags pierced by bullets. Two soldiers saw the bicycle that they were holding in their hand, destroyed by shells.

Through an incredible luck, nobody got hurt.

Our total losses are minim; it is incredible that in all, we had only two dead men and ten wounded after this harsh battle.

The End


sur le site http://www.greatwardifferent.com/Great_War/Belgique_Recits/Recits_02.htm
La prise du 1er drapeau allemand d'après un récit du Major Collyns
qui terminera sa carrière comme Lieutenant-Général

 

La Prise du Premier Drapeau Allemand

D'après le récit du major adjoint d'état-major Collyns, du 12e régiment de ligne.

5 Aout 1914

En quittant Visé, je gagne Milmort, où je reçois, le 5 août, du général Léman l'ordre de me rendre immédiatement à Wandre et d'interdire à tout prix aux Allemands l'accès du pont sur la Meuse.

Dès mon arrivée, je fais une reconnaissance sommaire de la position: étant donné le minime effectif de mon bataillon - quatre cents hommes - la défense consiste princi- palement dans la construction de barricades et dans l'utilisation de maisons et de murs, donnant des feux croisés et obliques sur le pont de la Meuse, sur le pont du canal, situé à l'ouest, et sur les chemins d'aboutissement. Avec une activité fiévreuse, les soldats se mettent à la besogne; dans les maisons désignées, ils cassent les carreaux et disposent des literies et des sacs de terre sur les appuis des fenêtres, de façon à abriter parfaitement les tireurs; puis ils traînent des chariots, transportent des planches et des tonneaux, et amoncellent sur le pont de la Meuse des matériaux de tout genre, ne laissant qu'un étroit passage, à peine suffisant pour une personne.

D'autre part, une barricade coupe la route d'Herstal à Vivegnis, tandis que le cimetière, vaste rectangle placé en marteau entre la route et le canal, a ses murs percés de meurtrières et se transforme en véritable redoute. Bientôt, postés derrière les fenêtres des maisons, derrière les meurtrières du cimetière, derrière les barricades, les lignards attendent, le mauser prêt, l'œil aux aguets.

Ces préparatifs gênent évidemment les projets des Allemands et leurs espions mettent tout en œuvre pour m'écarfer. Par téléphone, un de leurs agents m'enjoint, au nom de l'état-major, de me retirer de Wandre. Surpris, puisque, j'avais l'ordre de défendre le pont à outrance, je demande la communication avec le quartier général. - « Jamais, s'écrie le général Léman, quand on lui transmet ma question, jamais je n'ai donné pareilles instructions. Croyez-vous que Collyns soit encora là-bas et que je peux compter sur lui? » Je fais assurer au général que je ne partirai que sur son ordre formel.

A mon retour au pont, mon étonnement est extrême: des individus enlèvent les véhicules composant la barricade. Furieux, je les interpelle; ils prétendent agir sur l'injonction du commissaire de police. J'apostrophe ce dernier et lui reproche sa conduite: « On ne sait plus à quoi s'en tenir, replique-t-il avec mauvaise humeur; le général vient encore de me téléphoner que le pont doit être débarrassé. » - « Monsieur le commissaire, lui dis-je, je vais donner l'ordre aux sentinelles de tirer sur tous ceux qui toucheront aux barricades et je vous rends responsable de ce qui arrivera ». Mon attitude énergique fait heureuse impression et personne ne tente plus de désobéir.

La journée du 5 août se passe sans autre incident. Prévoyant une attaque de nuit, j'inaugure un nouveau système d'éclairage et fais amonceler, sur plusieurs points, hors de la vue de l'ennemi, des tas de paille imbibés de goudron, que des sentinelles allumeront en cas d'alerte. Aucun renseignement ne me parvient, si ce n'est que l'ennemi bombarde violemment les forts. A proprement parler, ma position du pont de Wandre constitue une deuxième ligne de défense, car, en avant, à une certaine distance, des troupes de forteresse occupaient le terrain entre le fort de Pontisse et la Meuse. Je n'avais qu'une médiocre confiance dans la valeur de ces soldats, provenant encore de notre ancien système de recrutement, et qui, après avoir quitté le régiment pendant de longues années, avaient pris les armes depuis quatre jours. Mon appréciation était juste. A minuit, une fusillade nourrie éclate à l'avant, et peu après, les troupes de forteresse cherchent à gagner la ville par les voies que je défends. Je cours à leur rencontre et les somme de regagner leurs positions, menaçant de mort ceux qui désobéiront. Les troupes repartent; l'obscurité m'empêche de vérifier si elles reprennent leurs postes, et elles en profitent pour se glisser sur le flanc gauche.

Vers 1 heure, mes sentinelles tirent des coups de feu et, au même instant, les différents bûchers s'allument. Alors commence une fusillade intense, partant surtout de la route principale Herstal-Vivegnis, fusillade à laquelle répondent la mousqueterie et les mitrailleuses allemandes. Au bout de quelques minutes, le feu décroît, se perd dans l'éloigne-ment; en effet, l'ennemi est obligé de se retirer; mais il ne tarde pas à revenir en plus grande force par des rues parallèles. De nouveau notre tir l'oblige à la retraite; alors il se jette dans les jardins, traverse les maisons et s'avance par la rue qui coupe perpendiculairement la route Herstal-Vivegnis. Cette rue est balayée dans toute son étendue par les tireurs cachés dans les maisons bordant la droite de la place; après avoir subi des pertes épouvantables, les Allemands sont contraints de s'enfuir et de s'abriter dans les jardins. Déjà, d'autres troupes paraissent et tentent de forcer le passage. Les attaques se succèdent sans interruption. Aux commandements, aux ap- pels, aux cris de « Vorwaerts » se mêlent les détonations de la fusillade et le bruit sourd des corps qui tombent. Des groupes de fantassins allemands sont étendus dans les rues, à intervalles égaux, les mains crispées sur la crosse de leurs fusils, gardant leurs rangs même dans la mort. Ils sont là, étalant leur poitrine déchirée par les balles, leur éventrement hideux. Du sang gicle sur les trottoirs, sur les pavés, sur la façade des maisons, du sang partout. Des bûchers, une belle flambée illumine cette scène de carnage, les flammes dansent, sautent, s'enlacent en guirlandes d'or, faisant monter et courir le long des murailles des ombres allongées...

Peu à peu, la vigueur de l'adversaire faiblit, ses efforts s'amoindrissent, ses attaques ne se produisent plus qu'à de longs intervalles. Dès que les têtes des colonnes d'assaut atteignent le rayon de notre tir, elles sont fauchées; le reste se débande, s'éparpille et court se cacher dans les jardins et les caves. Pendant une accalmie, quelques-uns de mes braves explorent les alentours et, peu d'instants après, le soldat Lange me rapporte le drapeau du 89e régiment de grenadiers mecklembourgeois, qu'il a trouvé au pied des maisons faisant face à la route de Vivegnis. Autour du glorieux trophée, le colonel, l'adjudant-major, le porte-drapeau, de nombreux officiers gisent. Je saisis le drapeau et m'avance vers mes soldats en criant: « Victoire! Victoire! » Un enthousiasme inouï! Spontanément, tous entonnent la Brabançonne entremêlée de cris de « Vive le Roi! Vive la Belgique! Vive le major »! Des officiers courent à moi pour me féliciter et, pourquoi ne l'avouerai-je pas, dans une exaltation qui leur fait oublier toute hiérarchie, des soldats s'élancent sur moi et m'étreignent les mains. Ah! les braves garçons!

Le feu se ralentit de plus en plus et, vers 8 heures du matin, l'ennemi bat définitivement en retraite. Alors commence dans les jardinets des maisons une étrange chasse à l'homme. Des Boches sont cachés dans les buissons, tapis derrière des tas de feuilles; les uns lèvent les bras en criant: « Kamarade, nicht schiessen! » D'autres, au contraire, se défendent jusqu'à la dernière extrémité. Dans un jardin, une douzaine refusent obstinément de se rendre et sont massacrés. Après avoir confié le drapeau à l'ingénieur Hiard qui se charge de le porter au général Léman, je parcours les rues de la ville. Des brancardiers relèvent les blessés allemands et les pansent. Près de la place, j'assiste à une scène pénible. Voyant un infirmier s'approcher, un officier allemand lève son pistolet; l'autre le lui arrache, mais pendant qu'il appelle un de ses collègues à son secours, le Boche saisit un canif et se coupe la gorge. Des casques, des sabres, des fusils, des débris de toute espèce jonchent le sol et je ne peux résister à la tentation d'en envoyer un lot à l'Hôtel de Ville de Liège.

A ce moment j'apprends des nouvelles alarmantes: on m'annonce que le général Léman a été l'objet d'une tentative d'assassinat; que les Allemands ont pénétré dans Liège, que déjà ils occupent Herstal et menacent de me couper. Malgré notre succès, notre situation est périlleuse. Quoi qu'il en soit, j'ai donné au général Léman l'assurance formelle que je garderais le pont, je suis décidé à tenir mon engagement. Je préviens le gouverneur de ma position, je lui annonce que les Allemands se sont retirés et se tiennent vraisemblablement à une certaine distance de mes lignes, que je vois la possi- bilité de me porter en avant et de les rejeter sous le feu du fort de Pontisse; mais que je ne peux entreprendre cette attaque que si j'ai la certitude que les hauteurs de Wandre, situées sur la rive droite, sont encore au pouvoir de nos troupes, sans quoi je m'expose à ce que l'ennemi passe le pont et me prenne à revers. Successivement, j'envoie au quartier général un, deux, trois cyclistes; à mon grand dépit, je ne reçois aucune réponse et n'ose sortir de mes abris.

Vers 10 heures, survient le capitaine Gross-man, ancien officjer de mon bataillon, passé lors de la mobilisation au 2e bataillon du 32e de ligne: « Mon major, dit-il, j'étais établi sur la rive droite de la Meuse et j'ai reçu l'ordre de me retirer; mais ayant appris en même temps que vous étiez sur l'autre rive, je viens me mettre à votre disposition. Mon major, ne me remballez pas, utilisez mes 150 hommes. » Ce secours tombait à pic. « Grossman, répiiquai-je, je vous reconnais bien là. Je suis très content de votre démarche. Nous avons réussi à Visé, ici nous avons

pris un drapeau et fait de nombreux prisonniers, je vais vous donner l'occasion de vous signaler. Voici la situation: L'ennemi est en pleine retraite devant moi, mais mon flanc gauche et mes derrières sont menacés et je sais qu'une force allemande assez importante se trouve au cimetière de Rhèes et peut me tourner. Portez-vous par Basprial vers les hauteurs, déblayez le terrain des partis qui s'y trouvent, contenez à tout prix les troupes qui occupent Rhèes et cherchez à leur en imposer. J'ai dans l'idée, Grossman, que vous allez faire un bon coup. »

Le commandant partit immédiatement avec sa compagnie, et, vers 1 heure de l'après-midi, il repassait le pont, suivi de 400 prisonniers dont 7 officiers, parmi lesquels le lieutenant comte de Moltke, petit-fils du célèbre maréchal. « Je vous félicite de tout cœur, Grossman, lui dis-je, et, pour votre récompense, vous mènerez les prisonniers à Liège. »

Quelques instants plus tard, je reçus avis que le général Bertrand se transportait avec sa brigade sur la rive gauche, que je devais couvrir son passage par le pont de Wandre et former ensuite l'arrière-garde de ses troupes qui se retiraient vers Ans...

The Taken of the First German Flag

After the story of the Major (sm) Charles Collyns
Of the 12e regiment on line
Traduction de Michèle Labye, petite-fille du Major Collyns

5 August 1914

Leaving Visé, I arrived at Milmort, where I received, on August 5th, order from General Leman, to render me at Wandre and to impede at all cost the access to the bridge on the Maas to the Germans.

As soon as I arrive, I make a summary recognition of the position: Given the minimum effective of my battalion - four hundred men- the defense principally consists in the construction of barricades and in the utilization of houses and walls, permitting cross and angle fire towards the bridge on the Mass, towards the bridge on the canal situated to the east of it, and to the ways leading to them.

With a feverish activity, the soldiers go to work; in the designated houses, they brake the window panes and dispose bedding and dirt bags on the window sills, in order to perfectly protect the shooters; then, they pulled some carts, carry boards and barrels and pile up on the Maas bridge, materials of all kind, leaving only one narrow passage, just sufficient to let a person through.

On the other side, a barricade cuts the road leading from Herstal to Vivegnis, whereas the cemetery, vast triangle placed between the road and the canal, sees its walls pierced with gun slits and get transformed in a real redoubt. Soon, posted behind the house windows, behind the gun slits of the cemetery, behind the barricades, the line soldiers are waiting on the lookout, the mauser ready.

Of course, these preparatives disturb the plans of the German, and, their spies do all what they can to make me leave. By telephone, one of their agent orders me in the name of the State-Major, to withdraw from Wandre. Surprised, since I had order to defend the bridge at all cost, I request the communication with the Headquarter ”Never” shouted the General Leman, when his question was transmitted to him,” never have I given such instructions. Do you think that Collyns is still there and that I can count on him?” I ask them to assure the General that I won’t leave without his formal order.

On my return to the bridge, my astonishment is extreme: some men are removing the vehicles that were composing the barricade. Furious, I apprehend them. They say that they are acting under the injunction of the police commissary. I interrogate this one and reproach him his conduct: “One doesn’t know anymore what to believe” he answers with bad humor. “The general just called me to tell me that the bridge had to be cleared.”

– “ M. the Commissary,” I say, “ I am going to give order to the sentinel to shoot at all persons interfering with the barricades and I am making you responsible of what will arrive.”
My energetic attitude makes a real impression and nobody tries again to disobey.

The daytime hours of Aug 5th went by without any other incidents. Foreseeing a nighttime attack, I improvised a new system of lighting ordering to gather at many points not seen by the enemy, heaps of straw impregnated with asphalt, that the sentinels will light in case of alert. No information has reached me except that the enemy is violently bombing the forts. In fact, my position at the bridge of Wandre is a second line of defense, since, ahead of us, at a certain distance, some fortress troops are occupying the ground situated between the fort of Pontisse and the Maas.

I had a mediocre trust in the value of those soldiers who were still coming from our old system of recruiting, and who, after having left the regiment for many years, had taken the arms since 4 days only. My appreciation was just. At midnight, a nourished firing burst ahead, and a little later, the fortress troops were trying to reach the city using the ways that I was defending.

I ran towards them and summated them to regain their positions, threatening that the ones who disobeyed would be killed. The troops went back on their way but the obscurity prevented me from verifying if they took  back their post and they took advantage of it to reach the left flank.

Toward one o’ clock, my sentinels fired some shots and immediately, the different bonfires lighted up. Then started an intense gunning down, coming mostly from the main highway Herstal - Vivegnis. These shootings were answered by German musketeers and by machine guns. After a few minutes, the fire decreases, get lost in the far; in fact the enemy is obliged to withdraw; but it doesn’t take him long to come back in bigger forces through parallel streets. Again, our fire forces him to the retreat; then he throws himself in the gardens, crosses the houses and advances by the road that cuts perpendicularly the road Herstal -Vivegnis. This road is swept on all his length, by the shooters hidden in the houses bordering the right side of the place; after having suffered terrible losses, the Germans are forced to escape and take refuge in the gardens. Already, other troops appear and try to force the passage. The attacks succeed one after another without interruption. The orders, the appeals, the shouts of “Vorwaerts” (Forwards) are mixed to the deflagrations of the shooting and to the deaf noises of the falling bodies. Groups of German foot soldiers are lying flat in the streets at equal intervals, their hands crisped on the butt of their guns, keeping their rows even in the dead. There, they are, showing up their chest torn by bullets, their body cut opened, horribly. The blood spurts out on the sidewalks, on the pavements, on the front of the houses; there is blood everywhere!

The big flames of the bonfires irradiate this scene of carnage, the flames dance, jump, interlace themselves in garlands of gold, so that lengthen shadows rise and run along the walls …

Little by little, the vigor of the adversary weakens, his efforts diminish, his attacks only happened at long intervals. As soon as the assault column heads come at the reach of our guns they are gunned down; the remaining of it disbands, spreads out and runs to hide in the gardens and in the basements. During a quite down, some of my braves explore the surroundings and a little later, the soldier Lange brings me the flag of the 89th regiment of the mecklimburgers grenadiers that he found in front of houses facing the road of Vivegnis. The colonel, the adjutant-major, the flag bearer and numerous officers were found lying down around the glorious trophy.  I seize the flag, and advance towards my soldiers, shouting “Victory! Victory” In an unimaginable enthusiasm all men spontaneously start singing the Brabançonne, and shouting” Live the King! Live Belgium! Live the major!”  Some officers rush in my direction to congratulate me, and why shouldn’t I say so, in an exaltation that let forget all hierarchy, some soldiers run to me and squeeze my hands. Ah! The brave lads!

The fire slows down more and more, and towards 8 AM, the enemy is definitively in retreat. Then, starts in the gardens of the houses, a strange man chase. The German are hidden in the bushes, crouched behind leave heaps; some raise their arms shouting: ”Kamarade, nicht schiessen!” (“Comrade, do not shoot”)! Others, on the contrary defend themselves to the end. In a garden a dozen of them obstinately refuse to surrender and are massacred. After entrusting the flag to the engineer Hiard who will bring it to the General Leman, I glanced through the street of the town. Stretcher-bearers helped the wounded German to get up to their feet and bandage them. Near the place, I was present at a painful scene. Seeing a Belgian orderly come near him, a German officer raised his revolver; the attendant snatched it from him, but while he was calling a colleague for help, the officer seizes his pocketknife and cut his own throat. Helmets, sables, guns, remains of all kinds lay on the ground and I cannot resist the temptation to send a load of them to the City Hall of Liege.

At this moment, I hear alarming news; I am told that there has been a tentative of assassination on the General Leman; that the German entered in Liege; that they occupied Herstal and are threatening to cut me the way. Despite our success, our situation is perilous. No matter, I gave General Leman the formal assurance that I would guard the bridges and I am decided to keep my word. I warn the governor of my position, I tell him that the German have withdrawn and, very probably, are keeping themselves at a certain distance from my lines; that I foresee the possibility to advance and repush them under the fire of the fort of Pontisse, but that I cannot undertake that attack if I do not have the certitude that the heights of Wandre situated on the right side of the river, are still under the power of our troops; otherwise the enemy could pass the bridge and take me from behind. Successively, I sent to the General Quarter, one, then a second, and then a third cyclist and to my great disappointment, I do not receive any answer and I do not dare leave my shelters.

Towards, 10 AM, arrived the Captain Grossman, former officer of my battalion, who at the mobilization, passed to the 2nd battalion of the 32nd of line; ”My Major” he told me “I was established on the right border of the Maas when and I received the order to withdraw, but I learned that you were on the other side of the river, I am coming to put me and my men at your disposal. My Major, do not repel me, use my 150 men.”
This help could not fall at a better time. “Grossman, answered I, “ I recognize you well here. I am very happy with your initiative. We succeeded in Visé. Here we took a flag and made numerous prisoners; I will give you the opportunity to signal yourself. Here is the situation: The enemy is in full retreat in front of me, but my left flank and my back are threatened and I know that a rather important German force is at the cemetery of Rees and is trying to impose itself. Grosman, I have a hunch that you are going to draw big.

The commandant left immediately with his company, and, at about 1 PM, he was re-passing the bridge followed by 400 prisoners, of which seven officers, and among them, the lieutenant Count of Moltke, grandson of the famous marshal. “I congratulate you with all my heart, Grossman,” I told him, “and for your reward, you are going to bring the prisoners to Liege.”

A few moments later, I was advised that the general Bertrand was carrying his brigade on the left riverbank and that I had to cover his crossing of the bridge of Wandre and form, afterwards, the back guard of his troops that were withdrawing in the direction of Ans…

le pont sur la Meuse à Visé
Les deux tués du 12e de ligne furent les fantassins Louis Maulus et Prosper Van Gastel
Ils étaient ensevelis au cimetière de Devant-le-Pont puis furent ensevelis au cimetière de Lorette
Un monument situé au square du 12e de Ligne près du pont de Visé rappelle depuis 1936 la mort de ces deux soldats




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Macarite


Mélange de tolite et de nitrate de plomb
Densité élevée grâce au nitrate de plomb
Energie potentielle très élevée
Faible brisance

Taube

Avec un système inédit de gauchissement des ailes, le Taube fut
fabriqué par dix constructeurs en Allemagne et en Autriche.
Ce modèle de 1914 a un moteur Daimler-Mercedes refroidi par eau.

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